Le canal du Midi est l’un des plus anciens canaux d’Europe. Ce chef d’oeuvre d’ingéniosité suit son cours, défiant les dénivelés, grâce à ses centaines d’ouvrages d’art et son système d’alimentation audacieux.
Dès le début de sa construction, l’ensemble a profondément révolutionné l’environnement local. Ce patrimoine artificiel fait désormais partie intégrante des paysages du Lauragais, et son écrin de verdure a permis le développement d’une biodiversité surprenante, à admirer et à protéger.

A l’origine, un milieu artificiel

Ses majestueux platanes et ses berges verdoyantes le feraient presque oublier : le canal du Midi est l’oeuvre de la main de l’homme. Son histoire prestigieuse trouve ses origines dans un vieux rêve : celui de relier l’océan Atlantique à la mer Méditerranée dans le sud de la France, en évitant le grand détour par le détroit de Gibraltar.

Pour vaincre les nombreux valons et collines se dressant sur son tracé, un programme de constructions ingénieux et audacieux a vu le jour. L’inventaire est hors normes. Sur les 280 km du tracé, nous comptabilisons un total de 328 ouvrages d’art, parmi lesquels :

  • 2 barrages
  • 80 km de rigoles d’alimentaiton
  • 1 tunnel
  • 79 écluses
  • 130 ponts
  • 67 ponts canaux et acqueducs

… Devenu un espace naturel avec le temps

De Toulouse à l’étang de Thau, le canal du Midi s’étend sur 240 km, traversant villes, villages et terres cultivées. Cette bande d’eau, bordée de platanes et de talus constitue un biotope singulier et une biodiversité d’une extrême richesse.

De tout son long, sur un espace large d’une quarantaine de mètres, le canal du Midi accueille de nombreuses espèces végétales et animales, dont plusieurs sont protégées. Oiseaux, mammifères, poissons et reptiles y viennent se nourrir, se désaltérer, se prélasser, se déplacer ou nicher.

Une Végétation variée à l’abri des grands arbres


Au fil du temps, le canal du Midi a développé une flore aquatique remarquable. Les algues et herbiers verdissent ses eaux. On y dénombre une vingtaine d’espèces, parmi lesquelles les lentilles d’eau géantes, la vallisnérie spiralée et les hélophytes. Ces dernières servent de support de ponte aux libellules.

Au printemps, les talus font le bonheur des amateurs d’orchidées. Plusieurs variétés s’y épanouissent : l’orchis pourpre, l’orchis pyramidale, l’ophrys abeille…

Le canal du Midi doit surtout sa majestuosité à ses grands arbres. Les saules ont été les premiers arbres plantés, dès le XVIIème siècle, pour consolider les berges. D’autres essences ont ensuite été implantées pour répondre aux besoins de l’époque. Le mûriers permirent l’élevage du ver à soie, et les peupliers pour la construction du bois. Pins, cyprès et arbres fruitiers entourent depuis longtemps les maisons éclusières et offrent leur supplément d’ombre et de fraicheur.

Le chancre coloré, fléau pour les platanes

Les longues rangées de platanes remontent au XIXème siècle, lorsque la Compagnie des chemins de fer du Midi, alors propriétaire du canal, entreprit une grande campagne de plantations.

Essence dominante des berges, ces arbres sont touchés depuis 2006 par le chancre coloré, maladie provoquée par un champignon microscopique. La maladie ne s’attaque qu’aux platanes. Elle pénètrent par des blessures sur les racines, le tronc ou les branches, et peut tuer l’arbre en 2 à 5 années.

Sans connaissance d’un traitement, les platanes infestés sont abattus et incinérés en nombres pour stopper la propagantion de l’épidémie.

75% des 42000 platanes qui étaient sur les berges ont été coupés.

A droite, des platanes malades © VNF

Un vaste programme de replantation.

Depuis 2011, la plantation de nouveaux arbres est entreprise par VNF, avec le soutien des collectivités locales. Le choix se porte vers des arbres résistants au chancre coloré et une plus grande variété d’espèces. Le chêne chevelu est la nouvelle essence la plus répandue. Il représentera à terme 40% du linéraire. Il est accompagné d’une dizaine d’autres espèces d’arbres hauts.

Qui peuple le canal ?

Venant des cours d’eau qui l’alimentent, de nombreux poissons trouvent refuge dans le canal du Midi. Les derniers inventaires en comptent plus de vingt espèces. Les poissons les plus répandus sont la carpe, le sandre, la perche, le brochet et le black bass. D’autres espèces aquatiques peuplent les lieux, comme certains mollusques (moules d’eau douce, corbicules…), des batraciens et des reptiles. La couleuvre vipérine, qui malgré son nom n’est ni vénimeuse, ni dangereuse, est un hôte de choix. Ce petit serpent, excellent nageur, est l’une des espèce protégées que l’on trouve en nombre dans le canal du Midi.

En parcourant les berges, nous avons l’habitude d’y croiser de nombreux oiseaux. Les canards sont omniprésents. Hérons cendrés, oies et poules d’eau peuplent aussi les berges. Elles sont également un terrain de chasse rêvé pour les mésanges charbonnières. Les chenilles processionnaires sont un met des choix pour leurs oisillons. La nuit, la chouette et le hibou se réveillent pour chasser leurs proies (insectes, vers, lézards, grenouilles, rongeurs et petits oiseaux).

Les petits mammifères affectionnent aussi les lieux. L’oeil averti distingue facilement les terriers des ragondins ou des rats musqués. Plusieurs espèces protégées se cachent dans les arbres et les herbes hautes. On peut apercevoir des écureuils roux, des loutres, des hérissons, et le campagnol amphibie, une espèce protégée depuis 2012 en France.

Pour en savoir plus…

En partenariat avec les collectivités et territoires locaux, VNF (Voies Navigables de France) a créé ce document de sensibilisation sur la biodiversité du canal, et surtout les démarches entreprises pour la préserver.

Comment préserver cette biodiversité ?

En marge du projet de restauration des plantations, de nombreuses initiatives sont entreprises pour protéger cet espace et compenser les dégats de la présence humaine :

  • Inventaires d’espèces et repérage des cavités et lieux de nidification avant chaque taille ou abattage
  • Pose de nichoirs artificiels pour les oiseaux et les chauves-souris
  • Optimisation et modernisation de la gestion hydraulique
  • Suivi de la qualité des eaux
  • Nettoyage des berges et récolte des déchets

Vous voulez contribuer au projet de replantations des arbres du canal ?
Faites un don !