L’occupation allemande dans le Midi Toulousain s’est terminée en 1944. Pour célébrer les 80 ans de cette grande date, retraçons quelques évènements marquants qui ont eu lieu en Lauragais durant ces années tourmentées.

Dans le Midi Toulousain, la Seconde Guerre Mondiale est vécue étrangement. Bien sûr, elle a un impact : les hommes sont mobilisés et la population subit beaucoup de privations. Mais entre 1939 et 1942, la France dite « Libre » sous le gouvernement de Vichy ne connait pas l’occupation allemande.

C’est au cours de l’année 1942 que le Lauragais voit déferler les troupes de l’occupant pour contrôler la France entière. Cette époque initie dans la région une période de luttes et de terreurs. Les rafles de juifs font notamment 3523 victimes, dont 168 enfants.

Dés lors, la Résistance et l’entraide se développent, et plusieurs réseaux s’organisent en Lauragais. On comptabilise 101 hommes et femmes originaires d’une des 58 communes de Terres du Lauragais et qui ont eu validation de leurs actions militaires dans la Résistance.

Ce qui est remarquable dans le Lauragais, terre de tolérance et de solidarité, ce sont les actions faites pour aider, protéger et sauver les personnes, enfants, adultes, Juifs ou résistants, qui sont pris en chasse et persécutés par les nazis et leurs collaborateurs. Le Lauragais fut une terre d’accueil et de sauvetage, une autre forme de résistance que le combat direct mais ô combien importante, car il s’agissait de préserver la vie.


Étape
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La Maison de Vendine

Vendine

La Maison de Vendine

    Vendine

Durant la Seconde Guerre Mondiale, la maison de Vendine fut un lieu d’accueil et de sauvetage. Elle est le témoignage d’un vaste mouvement de solidarité visant à protéger des persécutions des enfants espagnols et juifs.

À partir de 1942, sous l’impulsion de Mgr Jules-Géraud Saliège, archevêque de Toulouse, et de Mgr Louis de Courrèges d’Ustou, évêque auxiliaire, un vaste réseau d’entraide est mis en place pour venir en aide aux étrangers dans le Midi toulousain. Nichée dans le Lauragais, la Maison de Vendine, ancien lieu d’accueil pour les colonies de vacances, est mise à la disposition de Mgr Saliège en juin 1942 par les Soeurs Saint-Joseph de Bon Secours.

Elle devient dès lors un refuge pour les enfants de moins de 15 ans que l’on peut retirer des camps d’internement créés en France, où furent internés les étrangers dits “indésirables”.

Au total, près d’une quarantaine d’enfants bénéficient de protection et réconfort.

Le réseau Saliège

Fondé à Toulouse en 1941 par le cardinal Saliège, ce réseau clandestin catholique a joué un rôle crucial pour la Résistance dans la région. Animé par des valeurs d’entraide et de compassion, il a œuvré sans relâche pour sauver des Juifs et des résistants de la barbarie nazie.

L’histoire de la famille Carrance

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    Auriac-sur-Vendinelle

En 1943, la famille Carrance, originaire de Bordeaux, cherche refuge dans le village d’Auriac-sur-Vendinelle, fuyant les persécutions antisémites et espérant y trouver la sécurité.

Ernest et Stéphanie Carrance, accompagnés de leur fille Jacqueline, âgée de 15 ans, et de la grand-mère Lucie Lob, s’installent dans une maison du village. Leurs deux fils, quant à eux, poursuivent leurs études au lycée de Revel.

Malheureusement, leur répit ne dure que quelques mois. La famille est arrêtée à son domicile le 20 mai 1944. Ernest, Stéphanie, Jacqueline et Lucie sont déportés par le convoi 74 vers Auschwitz, où ils périront. Les deux fils, prévenus à temps, parviennent à s’échapper du lycée de Revel grâce à l’aide du directeur, Monsieur Camman.

Robert Bouscatel et Charles Vidal

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    Caraman

Robert Bouscatel et Charles Vidal sont deux enfants de Caraman de la même génération. Robert est né le 18 août 1922 et Charles est né le 7 juin 1924. A l’époque, la famille Vidal est bien connue des habitants de Caraman. Les parents de Charles sont pâtissiers et habitent face à la place du Castelat. Lorsque la guerre éclate, ils ont respectivement 17 ans et 15 ans. A leur majorité, les deux jeunes hommes décident de s’engager dans la Résistance locale, sans imaginer le destin tragique qui les attend.

En juillet 1944, Robert Bouscatel va faire partie des 2152 détenus dans le convoi n°7909 en direction de Dachau. Ce transport, composé de 22 wagons, au départ de Compiègne dans l’Oise, est le cinquième à partir de France à destination du camp de concentration KL Dachau. Il est tristement célèbre sous le nom de “Train de la mort” en raison du nombre élevé des décès survenus durant le voyage. Il est difficile de connaître l’origine exacte du décès de Robert Bouscatel, il périra dans ce train entre le 2 et le 5 juillet 1944 et son corps sera sorti du wagon à son arrivée à Dachau.

De son coté, Charles Vidal réussit à survivre au trajet et va rester interné à Dachau pendant un peu moins d’un an. Il est ensuite transféré au camp de Flossenburg, à coté de la frontière autrichienne et y restera jusqu’en avril 1945. Il y mourra d’épuisement deux semaines avant la libération du camp par l’armée américaine.

En fuite, les nazis sèment la désolation

    Bourg-Saint-Bernard, Lanta, Caraman

Les jours qui ont suivi la libération de Toulouse, le 19 août 1944, ont vu défiler plusieurs colonnes nazies, traversant le midi toulousain et essayant de prendre la fuite, pour rejoindre l’état-major qui se trouvait dans la vallée du Rhône. Plusieurs communes de la région font état de leurs passages et déplorent de nombreux actes de terreur : vols, meurtres, destructions…

En Lauragais, c’est le passage d’une colonne le 22 août qui a longtemps hanté les mémoires. Après avoir fui Montauban, en évitant Toulouse libérée et les grands axes routiers sous le contrôle des résistants, cette colonne de 3000 hommes était principalement composée de soldats georgiens et mongols.La troupe a traversé le Lauragais au petit matin, en direction de Carcassonne, passant notamment par Bourg-Saint-Bernard, Lanta et Caraman.

La gendarmerie de Saint-Félix-Lauragais fait état de plusieurs actes de barbarie à leur passage, dont les plus graves ont été l’assassinat du jeune métayer Antonin Escaffre (20 ans) alors qu’il gardait son troupeau de vaches dans un champ près du Vaux et la blessure par balles du Docteur Andrau qui regagnait son domicile en camionnette à Lux. Les fermes et maisons sur leur chemin ont également subi de nombreux pillages : chevaux, bicyclettes, camionnettes, ainsi qu’une grande quantité de salaisons, charcuteries, grains, linges et bijoux.

Joseph Vié

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    Lanta

Né le 9 octobre 1901, Jospeh Vié est le fils du forgeron de Lanta. Adulte, il devient ouvrier chaudronnier et décide de s’engager dans le militantisme syndical, auprès de la CGT. Il se rapproche des milieux socialistes toulousains dès la fin des années 30.

Sous l’occupation Allemande, Joseph Vié s’engage très rapidement dans la Résistance toulousaine. Il rencontre Jean Chaubet, dirigeant local du mouvement Franc-Tireur et devient membre actif de plusieurs réseaux, en participant à la diffusion de la presse clandestine et de tracts de Résistance. Son engagement s’interrompt lorsqu’il est envoyé en Allemagne pour travailler au titre du STO (Service du Travail Obligatoire). L’expérience est de courte durée, car Joseph Vié profite d’une permission pour s’évader. Dans la clandestinité, il retrouve Toulouse et intègre les groupes résistants de Jean Chaubet.

Au printemps 1944, Jean Chaubet organise un maquis, qui prend ses quartiers à Saint-Lys. Joseph Vié le rejoint et est désigné pour assurer les fonctions de cuisinier, d’où son surnom, “le cuistot”.

Le 12 juin 1944 une division blindée SS Das Reich apparait à Gagen. Ces bataillons viennent des basses vallées de l’Ariège arrive pour démanteler le maquis. Joseph Vié est abattu en compagnie de 8 autres résistants, parmi lesquelles Jean Chaubet.

Il recevra la médaille de la résistance à titre posthume et la mention « mort pour la France ».

Deux familles en exil

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    Trébons-sur-la-Grasse

Malka Fortinski ( née Zlotogorsky ) et ses enfants Jacob, 12 ans et Sarah, 11 ans.

Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, les familles Zlotogorski et Fortinski quittent leur Pologne natale pour se réfugier en Belgique. Après l’invasion de la Belgique par les troupes allemandes, le 10 mai 1940, ils sont condamnés à un nouvel exil. C’est ainsi qu’ils arrivent à Trebons sur la Grasse, assignés à résidence en application de la loi sur le « Statut des juifs » imposée par le gouvernement de Vichy.

Entre mai 1940 et Août 1942, les hommes travaillent aux champs et les femmes réalisent des travaux de couture. Pendant ce temps, les enfants vont à l’école de Trébons, puis à celle de Cessales.

A l’été 1942, le gouvernement de Vichy lance une opération à grande échelle de rafles dans toute la France occupée, puis l’étend en zone libre. Dans la campagne lauragaise, la rumeur fait grand bruit mais elle est erronée : “Une rafle se prépare, mais seuls les hommes seront arrêtés”. David, Isaac et Paul Zlotogorski partent se cacher dans les bois. Convaincus d’être hors de danger, les femmes et les enfants restent au village.

Mais le 26 août 1942, un fourgon arrive et emporte les 6 femmes et les 2 enfants des deux familles. Ils sont acheminés vers le camp de Noé, puis à Drancy, et enfin déportés le 4 septembre 1942 vers Auschwitz où ils seront assassinés.

Sains et saufs, les trois hommes prennent la route pour l’Espagne et s’engage dans l’armée britannique pour poursuivre le combat jusqu’à la fin de la guerre. Ce n’est qu’en 1945 qu’ils découvrent, le sort de leur mère Marya, de Sara, la femme d’Isaac, de leurs soeurs Malka, Stella, Sarah et Paula, et des deux enfants Jacob et Sarah.

Villefranche-de-Lauragais, repère de résistants

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    Villefranche-de-Lauragais

Dès les premières heures de l’occupation, Villefranche-de-Lauragais devient un important repère de résistants. Dans ses dossiers, la police de Vichy fait mention de plusieurs actes intervenus dans la ville, en particulier des vols, des tirs contre les trains et des affiches placardées.

Plusieurs groupes de résistants formés dans le Lauragais profitent des 4 grandes foires de la ville et de ses marchés pour faire transiter les informations sensibles. Parmi les “ clients” les plus fidèles de ces marchés, nous retrouvons Alain Gonzague de Marliave. Ce notable de Lux habite au château de Saint Jean de Lugardès.

Également connu sous le nom de code Jacoto, De Marliave est en liaison avec le maquis de la Montagne Noire et joue un rôle central dans la Résistance en Lauragais. Son rôle est de centraliser toutes les informations reçues des maquis environnants et de les transférer au Corps Franc Pommiès. Ces informations remontent ensuite jusqu’au BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action) de la France Libre, à Londres. Des résistants de Nailloux, d’Avignonet-Lauragais, de Calmont et d’ailleurs se déplacent régulièrement au marché pour venir à sa rencontre.

Le maquis d’Avignonet-Lauragais

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    Avignonet-Lauragais

En raison de la situation géographique stratégique du village, une forte présence allemande s’établit dans les alentours, profitant des collines pour établir leur surveillance et des routes faciles d’accès pour affréter des blindés. Ces précautions rendent tout acte de résistance extrêmement périlleux. Pourtant, un maquis à Avignonet se crée le 1er octobre 1943 et poursuivra son action jusqu’à la Libération.

Le maquis fait partie du Corps Franc Pommiès. Il s’organise autour de son chef Alain Marie Christophe Gonzague de Marliave, connu sous le nom de code Jacoto. Son relais local est Noël Bouton, forgeron qui habite au centre du village. Une quarantaine d’hommes du village entrent également en résistance, parmi lesquels Doudiés, Stibac, Bonhoure, Berquière, Darbousset, Granier, Biennes, Fraïsse, Salles.
La mission principale du maquis d’Avignonet est la récolte et la transmission des renseignements sur les forces allemandes en présence. Néanmoins, les maquisards interviennent également pour des actions de sabotages dans les environs, notamment sur la ligne ferroviaire qui traverse le territoire.

En 1944, au moment de la débâcle allemande, l’action du maquis devient plus offensive. A la Libération, il intervient pour capturer des Allemands en fuite qui traversent le territoire.

Après la Libération du territoire, plusieurs résistants d’Avignonet accompagnent les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) en Haute Saône en septembre 1944, pour poursuivre le combat. Les maquisards contribuent ensuite activement à la remise sur pied du village, notamment autour de Noël Bouton, qui en devient le maire temporairement, jusqu’en 1945.

Le Corps Franc Pommiès (CFP)

Créé par le commandant André Pommiès le 17 novembre 1942, ce Corps Franc est un groupe de combattants rattaché à l’Organisme de Résistance de l’Armée (ORA). Il mobilise des volontaires dans les dix départements du Sud-Ouest autour d’actions clandestines de sabotages, de destructions, de recueils d’informations et de recrutements.

92 enfants juifs cachés à Seyre

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    Seyre

Durant la Seconde Guerre Mondiale, le château de Seyre fut le théâtre d’une histoire bien connue des habitants du Lauragais d’aujourd’hui.
Fuyant les persécutions nazies, 92 enfants juifs orphelins originaires d’Allemagne et d’Autriche y ont trouvé refuge entre 1940 et 1941.

Malgré l’accueil du propriétaire, résistant lui-même, ces enfants n’ont pas connu la vie de château. La vie quotidienne y était extrêmement dure. Logés dans une grange aménagée sous forme de dortoirs, ils manquaient d’eau, de chauffage et de nourriture. Le rigoureux hiver de 1940 a aggravé leurs conditions de vie déjà précaires. De cette période à Seyre, il reste encore des dessins d’enfants sur les murs de la grange (fermée au public).

A Toulouse, la Croix Rouge jouait un rôle crucial dans la protection des réfugiés juifs en zone non occupée. Son responsable, Maurice Dubois, veillait en personne au bien-être des enfants de Seyre. Des vêtements, des chaussures et des boites de lait en poudre leur étaient envoyés régulièrement depuis la Suisse.

Au printemps 1941, après un an au château de Seyre, les enfants sont transférés au château de la Hille en Ariège, pensant alors s’éloigner un peu plus du danger.

Cependant, plusieurs enfants furent rattrapés par leur destin tragique. Dix d’entre eux ont péri dans les camps de concentration nazis, et un autre a été tué au maquis de Roquefixade, en Ariège.

Témoignage d’une survivante

Réfugiée à Seyre en 1940, Edith Goldapper a relaté son périple dans un récit autobiographique consigné dans deux cahiers datant de 1943 et 1944.

Son récit, intitulé « Les exils d’une adolescente juive dans l’Europe en guerre, 1938-1944 » a été édité en 2023 par l’association des Amis des Archives de Haute-Garonne

Manuel Palos et le Maquis naillousain

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    Nailloux

Comme de nombreux village du Lauragais, Nailloux devient rapidement un terrain de Résistance. Son maquis se forme en 1944 autour de Manuel Palos, également connu sous les pseudonymes « Mazda, Marcel ou Portes ».

Cet électricien de profession est à l’initiative de plusieurs grandes actions en Lauragais. Il est notamment spécialisé dans le sabotage de lignes de chemin de fer. Palos compte à son actif 3 sabotages : 2 lignes électriques et une voie de chemin de fer. Son action est précieuse pour ralentir les mouvements de l’ennemi.

Palos compte sur l’aide de deux résistants notoires: le notaire Souyris et le Docteur Weirchowski.

D’origine polonaise et considéré comme juif, le Dr. Weirchowski perd son droit d’exercer la médecine dès la mise en place du régime de Vichy. Traqué par le Commissariat Général aux Questions Juives de Toulouse, sa condition se complexifie à l’arrivée des Allemands à Nailloux. Toutefois, le docteur résistant ne s’arrêtera jamais de soigner malgré sa traque. Il va jusqu’à descendre dans un puits pour donner les premiers soins à un jeune blessé recherché par les Allemands.

Maître Souyris est entré dans la résistance par conviction politique, il s’occupe de créer de faux papiers d’identité et de cacher des familles du réseau toulousain « Morhange » lors de leur traque par la police française, la Milice et la Gestapo.

Aimé Ramond, policier Résistant

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    Montgeard

Né à Montgeard en 1918, Aimé Ramond se destinait à une carrière d’instituteur. Hélas, sa vie a pris une tournure très différente à l’approche de la seconde Guerre Mondiale. Après avoir fait ses classes en 1937 et 1938, il est mobilisé en 1939 au 502e régiment de chars de combat d’Angoulême. Démobilisé en 1941, il se dirige alors vers une carrière dans la police, pour être affecté à Carcassonne en tant qu’Officier de la Paix en janvier 1943.

C’est sous cette couverture officielle qu’Aimé Ramond entre en Résistance en juillet 1943 en intégrant le NAP (Noyautage des Administrations Publiques). Il permet alors à plusieurs résistants d’échapper aux miliciens et aux allemands.

Le 30 juillet 1944, il est dénoncé et arrêté avec d’autres camarades par la Gestapo. Emmené à la Maison d’Arrêt de Carcassonne, il subira les pires tortures mais gardera toujours le silence.

Le 19 août 1944, Aimé Ramond est transféré en compagnie d’autres résistants au domaine de Baudrigues, sur la commune de Roullens (au sud de Carcassonne). Là sont entreposées des torpilles et des bombes aériennes. Au milieu de la journée, les Allemands font exploser les lieux. Tout est démoli : le château, le parc et toute sa
végétation. Le corps d’Aimé Ramond, mort à 25 ans, ne sera jamais retrouvé intact. Mais présent sur les lieux après l’explosion, le docteur Delteil, compagnon de captivité d’Aimé Ramond à la Maison d’Arrêt de Carcassonne, a reconnu sur une partie d’abdomen les traces d’une blessure pour laquelle il l’avait opéré le 5 août 1943, permettant de confirmer sa disparition tragique.

Aimé Ramond sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur et cité à l’ordre de la nation :

Jeune Officier de Paix, plein d’autorité et d’allant qui, dans une situation difficile, n’hésite pas à aider de tout son pouvoir la Résistance. Arrêté le 30 juillet 1944, l’ennemi connaît son rôle et veut à tout prix savoir le nom de ses amis. Malgré les pires tortures, il se tait et est lâchement assassiné le 19 août 1944.

Maurice et Yvette Roulleau, Justes parmi les Nations

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    Calmont

Lorsque la guerre éclate, Maurice Roulleau et sa soeur Yvette sont âgés d’une trentaine d’années. Ils sont enseignants à Calmont et résident chez leurs parents à Nailloux. Aux heures sombres de la guerre, leur destin sera lié à celui des Weinrib, une famille juive polonaise venue de Belgique.

La famille Weinrib se compose de quatre personnes. Joseph, le père, est maroquinier. Il est accompagné de son épouse, Sara, et de ses deux filles, Paula et Fanny. En mai 1940, ils fuient la Belgique envahie et déménagent à Toulouse où ils pourront vivre tranquillement pendant 2 ans. Mais le 26 août 1942, suivant les ordres de Vichy, la police française arrête plusieurs milliers de Juifs étrangers dans la zone libre, pour les livrer aux Allemands. A Toulouse, Joseph est rapidement arrêté puis déporté à Auschwitz. Il périra dans le camp. Sara est avertie à temps, elle part alors se cacher chez des amis. Pendant ce temps, les deux fillettes sont en vacances dans un camp scout. Fanny, la benjamine, alors âgée de 12 ans, est ensuite confiée à Maurice et Yvette Roulleau.

Elle arrive à Nailloux, dans son nouveau foyer, en août 1942 et y vivra jusqu’à la libération. Très vite, un lien fort s’installe entre la fillette et la famille Roulleau. Maurice et Yvette l’élèvent comme s’il s’agissait de leur
petite soeur. Ils l’éduquent et font tout leur possible pour lui offrir un quotidien confortable. Bien que n’étant pas riches, ils refusent toute aide financière pour s’occuper de l’enfant.

Après la guerre, Fanny continuera à correspondre avec Maurice et Yvette et à leur manifester sa gratitude éternelle. Le couple est reconnu comme Justes Parmi les Nations, titre honorifique pour les personnes ayant sauvé des juifs au péril de leur vie.

Justes Parmi les Nations

En 1953, le parlement israélien, en même temps qu’il créait à Jérusalem le mémorial de Yad Vashem consacré aux victimes de la Shoah, décida d’honorer « les Justes parmi les nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ».
Chaque Juste reçoit une médaille portant cette citation du Talmud : « quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ».

Le titre de « Juste parmi les Nations » est la plus haute distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à des civils. 28 217 personnes ont reçu cette distinction dans 51 pays. Des centaines de milliers de juifs ont été sauvés grâce à eux.

La fête vire au drame

    Calmont

Le 16 juillet 1944 devait être un jour heureux à Calmont. Au petit matin, beaucoup de villageois étaient rassemblés sur la place des Canelles pour préparer la grande fête du village.

Mais vers 7h30 arrivent une quinzaine de véhicules en provenance du sud. Il s’agit d’un contigent de la Gestapo. Les Allemands ont été informés par dénonciation de la présence dans le village de plusieurs membres
du réseau de résistance toulousain “Morhange”, en déplacement pour mettre en place un maquis dans la haute vallée de l’Aude, près de Quérigut.

La police allemande rassemble une cinquantaine d’otages, les aligne contre les murs autour de la place des Canelles et procède à des fouilles. Rapidement, les Allemands se dirigent vers la boucherie de la place pour tenter d’appréhender trois hommes qui passaient la nuit dans l’hôtel d’à côté. Il s’agit de Louis Calvet, Henri Lanfant et René Vidal, tous les trois membres du réseau “Morhange”.

En chemin, ils trouvent Jean Ruiz, jeune résistant calmontais en possession d’une valise contenant un pistolet-mitrailleur. Le jeune homme est torturé puis criblé de balles autour de 15h00. Les militaires mettent ensuite la main sur Lanfant et Calvet, qui subissent le même sort au premier étage de la boucherie. René Vidal est arrêté en dernier. L’homme est amené devant la Poste de la place des Canelles (aujourd’hui transformée en pharmacie) pour être pendu à un réverbère et abattu d’une balle dans la nuque.

Avant de partir, un officier allemand ordonne que le corps demeure pendu pendant trois jours avant sa mise en bière, sous peine de représailles. Les soldats partent dans la soirée laissant le petit village dans un état de choc.


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